Message de Mme Lacour aux familles des résidents de l’EHPAD

EHPAD - 6 avril 2020

                                            CONFINÉS TOUJOURS  .…..

Nous voilà confits dans la graisse de l’isolement, confits dans un bocal qu’il ne faut pas trop ouvrir.

Bizarre en ce printemps ensoleillé de rester confinés, d’être conservé dans notre bocal. Les primevères, les violettes, les jonquilles se répandent en couleurs, en d’autres printemps ordinaires, elles auraient fait notre admiration, là, nous les trouvons ternes, arrogantes à force de les contempler à travers la vitre ou en piétinant dans le jardin.

Lors des sorties permises, lorsque nous apercevons quelqu’un, nous devons prendre nos distances, changer de trottoir, nous interpeller depuis le balcon, nous faire un signe de loin cachés derrière nos masques…

Naguère on nous vantait l’isolation à 1€uro, nous voilà avec l’isolement gratis.

Pourtant nous devons être vigilant parce que ce virus morbide, sournois, est partout. Protégeons-nous, protégeons les autres, ne le transmettons pas, c’est une nécessité vitale.

 

Dans cet état très particulier, ce n’est pas tant la liberté qui nous fait défaut, nous en avons suffisamment pour nous mouvoir dans les contraintes de l’isolement.

Ce qui nous manque c’est les autres.

Ce qui nous manque, c’est de rencontrer des gens, des amis, de nous rendre au travail, de discuter, d’aller en courses, d’aller au bistrot, de se réunir …

Ce qui nous manque c’est le contact…

Ce qui nous manque, c’est de parler aux autres directement, pas au téléphone ou en visio, parce qu’à travers l’écran on ne sait plus vraiment si c’est virtuel ou si c’est réel.

Ce qui nous manque, c’est la proximité de l’autre, la poignée de main chaleureuse, la bise, la tape sur l’épaule, la rigolade face à face (pas sur face-book), le partage, la joie d’être ensemble, la con-vi-via-lité.

Ce qui nous manque, c’est l’autre, l’ami, le passant, même quand il était pénible.

Ce qui nous manque, c’est la fraternité vivante, la fraternité physique…

Ce mot fraternité, il est immense, à la fois révolutionnaire et évangélique, il contient toute la proximité et la convivialité de l’humanité.

La fraternité ce n’est pas une idée, c’est une présence.

La fraternité c’est une puissance vivante qui rayonne, et quand elle nous manque c’est le désert.

La fraternité c’est être ensemble pour supporter le poids du monde.

A bientôt de la retrouver, de la vivre…

Avec ma fraternelle espérance.

Jean-Pierre